Point de vue de Heinz Brand dans l'Agefi: Nouveaux coups de force d’éternels perdants
Les deux directeurs de la Santé Pierre-Yves Maillard et Mauro Poggia entendent instaurer l’économie planifiée à l’échelon cantonal au moyen de deux nouvelles initiatives. Face à eux, les partisans du libre choix, de la concurrence et de l’innovation sont favorables à la concurrence régulée – notamment pour économiser des coûts.
Les directeurs de la Santé des cantons de Genève et de Vaud tentent une nouvelle fois d’étatiser l’assurance-maladie et de maximiser leur propre pouvoir. Au lieu de privilégier le libre choix, la responsabilité individuelle et l’innovation, ils misent entièrement sur la mise en place d’une économie planifiée. Ils ne cherchent pas à agir sur les coûts élevés des fournisseurs de prestations, qui représentent pourtant 95% des primes de l’assurance-maladie obligatoire, mais s’en prennent aux assureurs-maladie qu’ils veulent, dans un premier temps, réduire au silence pour ensuite pratiquement les exproprier.
Coup de force et soif de pouvoir des éternels perdants
Les deux nouvelles initiatives lancées par Messieurs Poggia et Maillard sont un coup de force pour consolider leur propre pouvoir en tant que directeurs de la Santé. Pour y parvenir, ils doivent tout d’abord museler politiquement les défenseurs de notre système de santé libéral, qui a fait ses preuves. La première initiative exige en effet que les parlementaires ne puissent plus assumer de mandats auprès des assureurs-maladie. L’objectif est de mettre un terme aux défaites à la chaîne subies au Parlement par les partisans de la caisse unique, ceci sans toutefois apporter des faits nouveaux et de meilleurs arguments. La deuxième initiative prévoit d’instaurer des caisses cantonales de compensation entièrement pilotées par les cantons, avec à la clef, l’expropriation de facto des assureurs-maladie organisés selon le droit privé.
Les deux initiatives ne sont pas inspirées par des motifs altruistes. Ils sont plutôt un nouveau coup de force de deux éternels perdants au niveau national, qui veulent consolider leur pouvoir sur leur territoire cantonal. Ainsi, le canton prendrait ses citoyennes et citoyens – majeurs rappelons-le - par la main et prétendrait décider en tout temps à leur place, « pour leur bien », leur déniant ainsi toute responsabilité individuelle et libre choix en matière d’assurance-maladie. Dans ce système, des solutions libérales et innovantes n’ont pas leur place. Les propositions du tandem Poggia et Maillard déboucheraient, au final, sur 26 systèmes de santé cantonaux incompatibles. Rien à voir avec le libre choix dans toute la Suisse et la concurrence au plan national en matière d’innovation et de qualité !
Plus d’efforts en faveur de soins de meilleure qualité à des prix avantageux
Messieurs Poggia et Maillard veulent bannir des Chambres fédérales les représentants des assureurs-maladie. Et pourtant, si ces derniers, qui sont favorables au libre choix, à la qualité optimale et aux prix plus avantageux, n’étaient pas représentés au Parlement, les payeurs de primes et les contribuables en feraient les frais. Par ailleurs, les liens d’intérêts particuliers au Parlement montrent qu’aujourd’hui 19 parlementaires seulement exercent un mandat auprès d’un assureur-maladie contre 65 parlementaires représentant les intérêts des fournisseurs de prestations. Or, pour défendre plus efficacement la cause des payeurs de primes, il importe qu’un plus grand nombre encore de parlementaires s’engage avec les assureurs-maladie en faveur des assurés. Dans ce sens, les propositions des deux ministres de la Santé sont totalement contre-productives.