À l’occasion du congrès annuel 2024 de santésuisse, des expertes, des parlementaires et le politologue Lukas Golder ont analysé les résultats des votations populaires du 9 juin 2024 portant sur la santé et ont proposé des solutions. Pour santésuisse, il est clair que seules des réformes efficaces permettront de maîtriser la hausse des coûts dans l’intérêt des payeurs de primes.
«Globalement, la population est satisfaite du système de santé en Suisse. Elle ne veut pas d’expérimentations et souhaite conserver le système actuel basé sur la concurrence», a souligné Martin Landolt, président du conseil d’administration de santésuisse, à l’occasion du congrès annuel 2024, qui a attiré de nombreux participants à Berne.
Néanmoins, l’augmentation des coûts et, partant, des primes, préoccupe fortement la population, comme l’a montré un micro-trottoir présenté lors du congrès annuel. Les chiffres parlent d’eux mêmes: «Une famille de cinq personnes paie aujourd’hui 466 francs de plus par mois qu’en 2011, a expliqué Christoph Kilchenmann, économiste en chef de santésuisse. «Les coûts de la santé augmentent plus que les salaires depuis des années.»
Seules des réformes peuvent freiner les coûts
L’année dernière, les dépenses dans l’assurance de base ont franchi pour la première fois la barre symbolique des 40 milliards de francs. La plus forte progression a été enregistrée pour les médicaments, les médecins, la physiothérapie, la psychothérapie et les soins. La croissance effrénée des coûts se répercute directement sur les primes d’assurance-maladie. «C’est pourquoi, il est plus important que jamais de mener des réformes», a affirmé Verena Nold, directrice de santésuisse, au début de son intervention. Ces réformes ne doivent se traduire ni par une révolution ni par des solutions simples prises dans la précipitation, mais par des changements structurels que santésuisse fera avancer pas à pas au cours de la législature actuelle, dans l’intérêt des payeurs de primes:
- La rémunération des traitements doit être liée à des critères de qualité contraignants.
- La planification des soins pour les hôpitaux et les fournisseurs de prestations doit s'appuyer sur des critères nationaux.
- Les rôles multiples des cantons doivent être désenchevêtrés.
- À l’avenir, il devrait être possible de se faire rembourser par l’assurance-maladie des dispositifs médicaux et des médicaments simples achetés meilleur marché à l’étranger.
- Le catalogue des prestations à charge de l’assurance de base ne doit plus être élargi.
- Les prestations doivent être systématiquement examinées au moyen de procédures fondées sur les preuves. La bureaucratie doit être réduite grâce à une numérisation systématique.
Les discussions sur des changements prennent de l’élan
Les participants du congrès annuel étaient unanimes: les votations du 9 juin ont redonné de l’élan aux discussions sur des réformes du système de santé. Le politologue Lukas Golder a expliqué comment cet élan pourrait être utilisé dans les mois à venir dans l’intérêt des payeurs de primes. Parmi les principaux dossiers politiques, il a notamment évoqué plus en détail l’introduction prévue du financement uniforme des prestations ambulatoires et stationnaires (EFAS) ainsi qu’une éventuelle votation sur la caisse unique. Il a souligné l’importance de repenser les structures du système de santé. «Les acteurs politiques sont frustrés d’avoir perdu le contrôle et souhaitent le récupérer.» Pour cette raison, il est convaincu qu’une centralisation aura lieu. Il est crucial que les assureurs-maladie montrent en quoi ils apportent une valeur ajoutée pour la population et qu’ils apportent la garantie qu’ils se préoccupent de leurs clients. «Si les assureurs parviennent à en convaincre les Suisses, ceux-ci voudront pérenniser le système de la concurrence.»
