Les assureurs-maladie sont soumis à une concurrence sans merci. Pour tirer leur épingle du jeu sur le marché, ils doivent faire preuve d’innovation dans leurs modèles d’assurance et maintenir leurs frais administratifs à un niveau bas. Cette concurrence profite en premier lieu aux payeurs de primes, pour qui le libre choix du prestataire et des produits d’assurance est essentiel.
Les assureurs-maladie sont garants de la stabilité du système de santé. Dans l’intérêt des payeurs de primes, ils assument des tâches essentielles, notamment le contrôle des factures, qui permet aux assurés d’économiser plus de trois milliards de francs par année. Les assureurs proposent une large gamme de prestations à leurs clients. Ils traitent leurs questions sur la couverture d’assurance, les décomptes de prestations et les primes, pour ne citer que quelques exemples. La bureaucratie inutile n’a pas sa place chez les assureurs, faute de quoi ces derniers disparaissent rapidement du marché. Et la concurrence profite en premier lieu aux payeurs de primes: les assureurs-maladie accordent donc une grande importance à ce que leurs frais administratifs soient aussi bas que possible. Ces derniers ont même diminué si on les compare à l’ensemble des coûts de l’assurance de base, ce qui ne serait certainement pas le cas avec une caisse pu-blique. «Les assureurs-maladie se soucient de tous leurs assurés, qu’ils soient en bonne santé ou malades, souligne Verena Nold, directrice de santésuisse. D’ailleurs, si un assuré n’est pas satisfait, il peut changer de caisse sans aucune difficulté.»
Les frais administratifs sont bien plus élevés dans d’autres assurances sociales
Des chiffres récemment publiés par l’Office fédéral de la santé publique montrent à quel point les assureurs- maladie sont efficaces. En 2023, leurs frais administratifs se montaient à 1,7 milliard de francs et sont restés stables par rapport à 2022. Cela correspond à 193 francs par an et par assuré et à 4,9 pour cent du montant total des primes encaissées (5,2 pour cent l’année précédente). Or les frais sont bien plus élevés dans d’autres assurances sociales. Bien que les assureurs sociaux se distinguent les uns des autres à bien des égards et qu’il soit compliqué de comparer précisément les frais administratifs et opérationnels, ces chiffres montrent clairement que les assureurs-maladie sont très efficaces dans l’exécution de leurs tâches au service des payeurs de primes et renoncent délibérément aux activités inutiles.
Les prestations médicales font grimper les primes
Ce ne sont donc pas les frais administratifs qui expliquent la forte augmentation des primes dans l’assurance de base, mais principalement l’explosion des coûts des prestations médicales. Rien que la croissance des dépenses de santé observée l’année dernière (2,3 milliards de francs) était déjà bien supérieure aux frais administratifs de tous les assureurs réunis (1,7 milliard de francs). Et la situation a continué à se détériorer: au premier semestre 2024, les coûts des prestations médicales ont à nouveau augmenté d’environ un milliard de francs supplémentaire par rapport à 2023. Les principaux facteurs de coûts sont les prestations médicales et hospitalières ambulatoires, qui affichent une hausse de 400 millions de francs. La croissance des coûts dans le domaine des soins, des médicaments, des analyses de laboratoires et des physiothérapeutes est aussi frappante. Or les fournisseurs de prestations ne subissent aucune conséquence de cette hausse massive des coûts. Des réformes concrètes sont certes sur la table, mais les milieux politiques sont réticents à les adopter et à les mettre en oeuvre. Pendant ce temps, les fournisseurs de prestations, notamment les médecins, les pharmaciens, les laboratoires, l’industrie pharmaceutique et les psychothérapeutes, continuent d’engranger des bénéfices considérables grâce à l’assurance obligatoire des soins.
Les bénéfices sont proscrits dans l’assurance de base
Contrairement aux fournisseurs de prestations, les assureurs-maladie sociaux n’ont pas le droit de faire de bénéfice dans l’assurance de base. Pour compenser la hausse des coûts de la santé, ils n’ont guère d’autre choix que d’augmenter les primes des assurés. Mais ils ne peuvent plus utiliser leurs réserves, autrement dit le capital d’épargne des payeurs de primes, comme «variable d’ajustement». Pendant la pandémie de COVID-19, période remplie d’incertitude, ce capital a été leur «phare dans la tempête» et leur a évité de devoir augmenter les primes. Depuis, les réserves ont tellement fondu qu’elles seraient sans doute insuffisantes si un tel événement venait à se reproduire.
Recul du nombre d’assureurs-maladie
Pour tirer leur épingle du jeu en ces temps économiquement difficiles, les assureurs-maladie doivent rester innovants, notamment en proposant de nouvelles offres numériques ou des modèles d’assurance attrayants qui les distinguent de leurs concurrents. Tout assureur qui perd la faveur des payeurs de primes disparaît du marché ou doit coopérer avec ses concurrents. Ainsi, le nombre d’assureurs n’a cessé de diminuer ces dernières décennies. Ils étaient encore 246 en 1990 contre 39 aujourd’hui. Cette consolidation se reflète également dans la répartition des payeurs de primes entre les caisses-maladie: pour l’assurance de base, près de 81 pour cent d’entre eux font aujourd’hui confiance à l’un des dix plus grands assureurs du pays. Certains petits assureurs, dont le nombre de clients a considérablement augmenté ces dernières années, prouvent aussi leur capacité à s’affirmer sur le marché. Ils profitent tout particulièrement des prestations variées que leur fournit le groupe santésuisse et l’ensemble de la branche. Parmi ces prestations, on peut citer, entre autres, la production de la carte d’assuré, les négociations tarifaires, la norme SHIP relative à l’échange numérique des données de facturation. santésuisse souhaite à l’avenir renforcer encore davantage ce rôle de prestataire pour l’ensemble de la branche afin que les payeurs de primes puissent continuer à choisir librement leur modèle d’assurance parmi une offre variée.
