La Suisse est à la veille d’un scrutin important. Le 9 juin 2024, les citoyens sont appelés aux urnes pour se prononcer sur deux initiatives ayant trait d’une part au financement des primes en forte hausse et d’autre part aux coûts du système de santé – toutes deux seront déterminantes pour l’assurance-maladie sociale. L’initiative pour un frein aux coûts lancée par le Centre veut limiter la hausse des dépenses de santé et mettre les fournisseurs de prestations face à leurs responsabilités. Les objectifs du PS sont bien différents: avec son initiative pour un allègement des primes, il entend veiller à ce qu’aucun ménage ne doive consacrer plus de 10 pour cent de son revenu disponible à l’assurance de base. Les coûts qui en découlent devront par conséquent être cofinancés par l’État dans une proportion bien plus grande que jusqu’à présent.
Comme on peut s’en douter, la population s’intéresse de près aux deux initiatives. En effet, les augmentations des primes d’assurance-maladie pénalisent de plus en plus le porte-monnaie et impactent particulièrement les familles avec enfants et les personnes à faibles revenus. Il leur devient de plus en plus difficile de boucler les fins de mois. Toutefois, il y a bien longtemps que les primes d’assurance-maladie ne sont pas leur seul tracas. Le budget des ménages est mis à rude épreuve par une multitude d’autres dépenses: électricité, carburant, billets de train et alimentation de base notamment.
Les solutions prétendument faciles sont inopérantes
Souvent, la seule chose qui reste à bon nombre de Suisses à la fin du mois, c’est le sentiment de pouvoir s’offrir de moins en moins de choses avec leur salaire durement gagné. Ce n’est guère surprenant. En effet la hausse de 1,8 pour cent du salaire médian en Suisse entre 2020 et 2022 (6788 francs) est passée quasiment inaperçue pour le porte-monnaie: l’inflation galopante a grignoté le pouvoir d’achat qui, dans le même temps, baissait de 1,5 pour cent. Dans un tel contexte, les solutions prétendument simples ont beau jeu.
Quoi qu’il en soit, l’initiative pour un frein aux coûts a de quoi remettre un peu de baume au coeur. Elle entend imposer à la politique de prendre enfin des mesures adéquates pour réduire les coûts excessifs, et partant freiner la hausse des primes. santésuisse soutient cette initiative parce qu’elle vise en plein dans le mille en s’attaquant aux coûts.
Oui aux réformes efficaces, non aux idées populistes
L’initiative pour un frein aux coûts ne suffira pas, à elle seule, à sauver notre système de santé, loin s’en faut. Il faut oeuvrer pour que la population prenne conscience que les primes reflètent l’augmentation des coûts – et que chacun de nous peut agir pour l’enrayer. Ce qu’il nous faut d’urgence, ce sont des réformes efficaces et non des idées populistes. Des mesures concrètes existent depuis longtemps, il ne reste plus qu’à les mettre enfin en oeuvre.
Une baisse des tarifs des laboratoires et des prix des génériques, une planification hospitalière supra-cantonale intelligente et une transposition rapide des Health Technology Assessments (HTA) achevés permettraient d’économiser des millions sans aucune restriction pour les payeurs de primes. Des mesures sont déjà prêtes à être lancées, notamment le tarif médical du futur basé sur des forfaits. Grâce à ce système tarifaire, les prestations identiques seraient toujours prises en charge à leur juste valeur, équitablement définie. Les associations santésuisse et H+ se sont inspirées pour ce faire de la success-story de SwissDRG, le tarif stationnaire qu’elles ont pris pour modèle et dont on ne pourrait plus se passer à l’hôpital aujourd’hui. Les données de facturation de janvier et février 2024 prouvent combien les forfaits sont efficaces. Tandis que les dépenses dans le domaine ambulatoire ont augmenté de près de 7 pour cent, le secteur hospitalier stationnaire n’affiche qu’une légère hausse des coûts. Ces chiffres révélateurs montreront la voie, espérons-le, pour les discussions à venir sur des réformes indispensables et surtout suivies d’effet. Tous les acteurs sont appelés à soutenir de telles réformes plutôt que d’appâter les payeurs de primes avec des solutions populistes trompeuses.
